Voici l’opus qui va les projeter dans la cour des grands, “A night in Abyssinia” pulsation groovy avec échappées lancinantes, jusqu’aux confins du langoureux, aux reflets cuivrés pas si loin du Blue Note période sixties : le répertoire mêle compositions originales dans l’esprit de cet Ethio Jazz avec reprises de thèmes locaux seventies, notamment de Tiahoun Géssèssé, grande figure du cru. Et trois guests de choc dont deux voix : d’une part le facétieux rappeur canadien SoCalled, sorti de son yiddishland, de l’autre une éblouissante ballade chantée en bambara par la Malienne Rokia Traoré qui nous emmène haut dans la stratosphère. Enfin, le vibraphone du vétéran Mulatu Astatqé, père (et mercenaire !) de ce jazz à l’Ethiopienne.
Avec Arat Kilo, on n’est pas dans l’orthodoxie, les garçons n’hésitent pas à flirter avec le reggae et à frayer avec le dub atmosphérique, histoire de dater à 2011 cet album. Ajoutez-y une prise de son et un mixage à la hauteur de leurs ambitions (Big up Benoît Thuault) : nous voilà embarqués avec Camille, Michael, Fabien, Samuel et Arnold pour une... Nuit en Abyssinie. Et plus si affinités.
Rémy Kolpa Kopoul
Bonne écoute
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